Eviter le traitement prolongé hormonal de la ménopause, logique mais…

Mme Blanche C. est formidable. Elle n’est pas bien grande, mais elle a encore beaucoup d’énergie du haut de ses 85 ans. Lorsqu’elle vient en consultation pour renouveler son traitement « pour » l’hypertension, et « pour » l’ostéoporose c’est toujours un moment riche d’échanges, voire de complicité. Elle est de cette génération qui aurait pu bénéficier du traitement hormonal substitutif de la ménopause, mais mon prédécesseur, retraité depuis plus de 15 ans, n’y était pas favorable, et l’histoire semi récente lui a donné raison… ce traitement augmenterait le risque de cancer du sein…

Aujourd’hui elle vient accompagnée de sa sœur, dont elle m’avait souvent parlé. Elle a deux ans de plus, elle vit aux USA depuis 30 ou 40 ans. « Je vous présente Jeannine ! On nous appelait les sœurs jumelles quand nous étions jeunes filles tellement nous nous ressemblions ! » me rappelle t elle.  » Même taille, même visage, même morphologie ! Bon c’est plus vraiment vrai maintenant… la teinture peut être ? »

Je prends quelques instants pour la considérer rapidement, cachant ma surprise première derrière un sourire accueillant… sa sœur « presque » jumelle ?? Elles se tiennent l’une à côté de l’autre et attendent mon signal pour s’asseoir.  Jeannine fait facilement 10 à 15 cm de plus que sa cadette, a une peau superbe, une posture remarquable, un regard pétillant, une chevelure dense, une poignée de main solide.  Si Blanche fait son âge malgré son indéniable énergie, son ainée en fait facilement 15 de moins.

Au fil de la conversation, Jeannine m ‘apprend qu’elle a pris pendant un peu plus de 10ans un traitement hormonal substitutif (le « THS »).

Le scientifique que je dois être ne doit pas en tirer de conclusions hâtives. Même si elles se déclarent quasi gémellaires, la génétique est différente, l’exposition aux toxiques n’a pas pu être identique, l’alimentation n’a pas été la même, les événements stressants, les épreuves furent dissemblables…Mais …je m’interroge…

Nous allons désormais éviter de nombreux cancers du sein en ne prescrivant plus de « THS » ou en tout cas plus rarement et de façon très courte… mais n’allons nous pas trop loin dans ce nouveau dogme ? … quid de la peau, la muqueuse, le moral, la libido, les os, , …le curseur n’a il pas été placé à l’autre extrême ? Et si Jeannine avait vieilli moins vite que Blanche grâce à ce traitement ? Certes ce n’est pas scientifique mais…

Ne faut il pas laisser plus de choix à nos patientes, nos femmes, nos mères, nos sœurs, nos filles ? Prendre le risque calculé d’un potentiel cancer pour tenter de freiner les conséquences potentielles de la carence estrogénique, et que leur médecin prescrive au cas pas cas ce « traitement » ?

Les dogmes… Je ne sais pas, je m’interroge…

5 réflexions au sujet de « Eviter le traitement prolongé hormonal de la ménopause, logique mais… »

  1. Comme pour le reste, je pense que tu as la réponse, on informe, et on s’adapte a chaque patiente! Certaines sont vraiment très gênées et ne peuvent supporter l’arrêt du THS.

    • euh ben j’avais pas fini :-). Donc je disais que j’approuve assez la conduite à tenir actuelle qui recommande de traiter les patientes symptomatiques et qui le souhaitent, en respectant les CI et le plus dur en pratique parce qu’il faut connaître le sujet, les informer des bénéfices et risques du traitement. Après faire des arrêts réguliers, pour voir quelle est la tolérance, quitte à prolonger en connaissance de cause! Certaines femmes acceptent très bien de vieillir physiologiquement.

  2. Ben, non, ce n’est pas scientifique en effet, c’est le moins que l’on puisse dire. Sinon, je prescris pas mal de THS, à des femmes parfaitement informées des risques qu’elles prennent avec ces produits et qu’elles assument. C’est le même principe que pour les pilules : il ne s’agit pas d’interdire, mais d’informer.

    • Merci. Je suis en phase avec ça. Ecouter, Informer (scientifiquement), échanger, s’adapter…

      Mais mon ressenti (non scientifique, quoique): on est, semble t il, passé d’un extrême à un autre, du quasi 100% THS à zéro THS…

      Du boulot d’information sur le terrain, et dans nos blogs?

Répondre à medgedelouest Annuler la réponse.